mercredi 19 décembre 2007

La validation : une question de crédibilité !

Intervention du collectif « Université et démocratie » devant le Conseil d’Administration du 19 décembre 2007

Le collectif Université et démocratie, né d’un sentiment d’exaspération devant l’institutionnalisation des blocages à l’université du Mirail, regroupe aujourd’hui une centaine de membres, principalement mais pas exclusivement enseignants. Leur mobilisation, spontanée, forte et constante, a permis de mener, dans la paix et la détermination, différentes actions et réflexions.
Depuis le début de la crise actuelle, nous nous sommes prononcés contre tout blocage et avons rappelé que l’université a pour vocation d’être un lieu de libre expression, de libre circulation, de libre accès au savoir, c’est-à-dire aux cours et aux bibliothèques. Gérée par des assemblées librement élues et légitimées par ce mode de désignation, l’université doit reposer sur le principe de démocratie. Par conséquent, nous considérons que les AG n’ont pas à dicter les périodes d’ouverture et de fermeture ni à imposer leurs décisions à plusieurs milliers d’étudiants, enseignants et personnels IATOS. Dans l’espoir de sortir de la suite infernale des blocages et de recréer un véritable espace de débat au sein des universités, nous avons entrepris de rédiger un texte de propositions touchant au fonctionnement de notre institution et à sa vie démocratique, afin de le livrer prochainement à la réflexion des différents acteurs de la vie universitaire. Il est urgent de trouver les conditions favorables à l’émergence de nouveaux modes d’action qui échappent à la série des blocages : d’autres moyens doivent permettre à ceux qui le souhaitent de se mobiliser pour défendre leurs opinions et faire valoir leur point de vue.

Pour l’heure et puisque nous voulons croire que l’UTM va en finir avec le blocage, au moment où le CEVU s’est prononcé sur un scénario pédagogique qui nous semble à certains égards problématique et tandis que le Conseil d’Administration s’apprête à trancher sur cette question, il nous paraît essentiel d’insister sur divers enjeux majeurs de la procédure de sortie de crise et d’appeler les responsables de l’université du Mirail à la vigilance, à la fermeté et à l’action.

Les bloqueurs ont, à plusieurs reprises, rassuré la masse des étudiants sur le fait que perdre cinq semaines de cours, voire sept, dans le cadre de semestres qui en comportent douze, n’aura aucune incidence sur les diplômes délivrés par l’université. Les orateurs des AG ont prétendu que l’administration et les enseignants organiseraient un rattrapage des cours et mettraient en place toutes les modalités nécessaires pour la validation du semestre et des diplômes, oubliant que les diplômes doivent en vérité valider des contenus. Il est vrai que, par le passé, nous avons toujours tout validé sans guère nous soucier des contenus ni de la valeur reconnue à l’extérieur de l’UTM à des titres qui sonnent de plus en plus creux. En toute bonne foi sans doute, pour sauvegarder les intérêts de nos étudiants, nous avons accepté, de blocage en blocage, de fermer les yeux et de transformer une fiction pédagogique en réalité diplômante.

L’effet pervers de cette générosité, contre-productive, est qu’elle fait de l’administration et des enseignants les alliés objectifs des bloqueurs. Ainsi, la pratique du blocage s’est-elle enracinée, durant les dix ou quinze dernières années, avec pour conséquence une dégradation continue de nos enseignements et de nos diplômes. Il faut y mettre un terme. Au moment où tant de périls fragilisent l’université publique, il est de notre devoir de lutter contre ceux qui dérivent de nos propres pratiques et d’envoyer à nos étudiants un signal fort, dont nous savons qu’il va demander à chacun, enseignants et étudiants, de faire preuve de courage.

En conséquence, nous ne pouvons légitimement, pour des raisons de cohérence, de dignité et de sérieux, accepter que le contenu des enseignements du premier semestre soit allégé au moment de la validation. La prolongation du premier semestre jusqu’à la semaine du 21 janvier incluse doit être vue comme la garantie de la préservation de l’intégralité du programme annoncé à la rentrée d’octobre. Nous considérons aussi comme primordial que le calendrier du second semestre reste inchangé, et ne soit pas amputé de deux semaines, comme certains scénarios le prévoient. Il est urgent, en effet, de défendre la valeur des cours assurés en présentiel, plutôt que de sacrifier, sans autre forme de procès, les semaines finales du second semestre. Il faut, coûte que coûte, garder à l’esprit que les diplômes délivrés n’ont de valeur que s’ils évaluent de réels savoirs et savoir-faire. Nous exprimons notre inquiétude profonde face à tout autre solution qui représenterait une issue choquante.

Ces convictions et ces propositions demandent à tous, nous en sommes conscients, du courage et un réel sens des responsabilités. Le redressement de notre université, une fois de plus gravement affectée par cinq semaines de blocage, mérite cet effort collectif. Nous adressons donc un appel solennel au Président de l’université et au Conseil d’Administration afin qu’ils prennent en compte la voix de plus en plus massive des enseignants qui ne sont plus disposés à accepter n’importe quelle solution de compromis et entendent défendre la dignité de leur mission pédagogique et scientifique.